08 mars 2010

Et le programme du PS, si beau, si généreux... que cache t'il?

A lire le projet présenté par le PS et Jean-Jacques Queyranne pour ces élections régionales, on est frappé par l’exhaustivité du propos. Plus de 70 pages où tous les sujets sont traités, façon de montrer combien le sérieux et l’expérience de six ans de gouvernance sont de ce côté.
Pourtant, depuis des années que nous examinons les projets portés par les socialistes, cette première impressions – c’est parfait, ils ont pensé à tout – est toujours fortement nuancée par une lecture plus attentive. Celle-ci, et ce projet régional ne fait pas exception, démontre que la tentation du « on rase gratis » est omniprésente.

La communication électorale met l’accent sur 15 propositions, masquant les innombrables nouvelles sources de dépenses (nouvelles rénovations de gares, prises en charge des licences sportives, du permis de conduire, des premiers brevets, extension de la carte M’Ra aux étudiants de premier cycle, nouveaux événements culturels, nouvelles maisons de santé, nouvelles aides à l’écotourisme, création d’écoles de la deuxième chance, création d’une chambre consulaire régionale de l’environnement, etc.). L’ensemble est inquiétant pour les finances publiques et masque mal le manque de fil conducteur du projet.

Une inquiétude pour les finances publiques :

La crise économique motive certainement cette incroyable succession de promesses. Elle ne saurait nous faire oublier la crise financière, notamment celle des finances publiques. Or, il n’est jamais question des recettes ou d’économies dans la dépense publique, ce qui doit inquiéter l’électeur qui se demande comment seront financées toutes ces mesures.

Ainsi on reste perplexe face aux nombreux « fonds » que la Région promet de créer. Ils nous paraissent moins vraisemblables les uns que les autres :
- le « Fonds régional d’investissement pour le PME » : seule proposition où la région prend conscience de la limite de ses ressources financières puisqu’il est prévu que l’on fasse appel à « l’épargne régionale mobilisée par les banques et les circuits financiers ». Toutefois se pose alors la question de la gouvernance de ce fonds : imagine-t-on que les banques mettent à disposition de la région leurs fonds sans en contrôler leur destination ? Leur sentiment de culpabilité post-crise ne suffira pas pour motiver une telle perspective !
- le « Fonds de développement de la formation » alimenté par les organismes collecteurs pose les mêmes questions sur sa gouvernance.
- Que dire enfin du « Fonds carbone » dont les recettes seront « les économies réalisées notamment par l’action régionale sur les émissions de gaz à effet de serre » ? De quoi s’agit-il donc ? Existerait-il des dépenses publiques favorisant ces émissions qui seraient réorientées avec ces économies ? En clair voilà une promesse bien nébuleuse…

Faute de trouver les partenaires envisagés, l’argent public régional servira-t-il à tenir ces promesses ? En ce cas, le pire est à craindre pour les finances publiques, compte tenu notamment des investissements qui sont prévu en matière ferroviaire.
Une politique tarifaire audacieuse est certainement la voie à suivre pour accroître la fréquentation des trains, et la règle des 2€ par jour est intéressante. Nous invitons le PS à aller plus loin sur le sujet, pour optimiser les infrastructures existantes. En revanche les promesses (nouvelles gares, 80% de trains neufs, etc.) paraissent démesurées et dangereuses pour les finances publiques déjà fragilisées par les investissements du précédent mandat.

L’abondance de biens promise ne donne pourtant pas de fil conducteur au prochain mandat. A l’inverse on est surpris de l’absence de solution devant laquelle semblent se trouver les rédacteurs de ce projet.

Un manque de simplicité, quelques incohérences

La volonté d’en montrer conduit à des excès et la surenchère avec les Verts sur la question environnementale aboutit à ce résultat. Face à l’idée d’une conférence régionale annuelle sur le climat pour un plan climat Rhône-Alpes, on ne saurait dire si on est ébahi ou consterné. Il existe suffisamment de travaux faisant autorité pour alimenter des actions. Quelle prétention que d’imaginer qu’une telle conférence servirait à autre chose que de la petite communication au bénéfice des élus régionaux ? Coûteuse et inutile est donc cette proposition. L’heure est aux décisions et aux expérimentations, elle n’est plus à la « prise de conscience » !

A l’identique pour la volonté de montrer que l’on va aider les PME. Les promesses d’une « charte de la sous-traitance » ou de « nouveaux « liens entre les grands groupes et les PME » éclairent davantage un manque de culture économique que l’envie d’agir. Idem pour la création d’une SEM sur les énergies renouvelables et la maîtrise de l’énergie. Le tropisme étatique est à l’œuvre et effraiera à juste titre les acteurs économiques du territoire.

Enfin, au travers des 76 pages, on trouve quelques étrangetés. Le PS n’est ainsi plus favorable aux politiques européennes, considérant qu’il faut « renationaliser » les aides à l’agriculture. Ou encore qu’il envisage de ne plus vendre le site de Charbonnières qui « pourra être reconverti partiellement en un écotechnoparc ». Ceux qui ont voté le transfert du siège régional sur la promesse d’une compensation de l’investissement par la vente de l’ancien site en seront pour leur frais (et nous aussi).

Ainsi, s’il faut reconnaître aux candidats du PS la volonté d’aider, de bien faire, dans un contexte difficile, le résultat final n’est pas convaincant. Cette certitude qu’on peut ne pas tenir compte des contraintes extérieures est inquiétante, notamment parce qu’elle se double d’un fort immobilisme. Rien n’est remis en question et la volonté de réforme est absente car tous les dispositifs ou les organismes existant (ARDI, Missions locales, etc.) sont maintenus et renforcés sans que la question de leur efficacité soit posée.

Alléger l’organisation, optimiser les infrastructures, expérimenter de nouveaux modes d’action, autant d’éléments de modernité auquel le PS à du mal à se résoudre, engoncé qu’il est dans les vieilles habitudes de l’endettement public. Ce mandat de quatre ans avant réforme des collectivités locales impose une audace sur les objectifs et une prudence sur les moyens que l’on ne trouve pas dans le projet socialiste.

Eric Lafond
Vice-président du Mouvement Démocrate du Rhône

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