Les Verts ont présenté les grands axes de leur projet régional. La revendication d’une idéologie destinée à « soigner » une société décrite comme malade pourrait inquiéter, notamment par la signification du terme idéologie, mais je ne m’attarderai pas sur ces effets de manche destinés à une partie de l’électorat.
Ce sont les propositions qui importent et leur impact sur le quotidien des habitants de la région. La retranscription du propos par les médias pouvait sembler mettre l’accent sur les seuls aspects gadgets du projet. Aussi suis-je allé sur le site des Verts pour lire leurs 5 points prioritaires ; et force est de constater qu’il y a de quoi s’interroger.
En reprenant certains des points évoqués, voici quelques commentaires sur ce projet :
1) Placer 90% des habitants à 10 mn d’un transport en commun. Le principe est intéressant mais
quel est sa faisabilité ? Le mandat précédent a lourdement investi dans le transport ferroviaire. La région est endettée (2 Milliards €) et n’a plus de marge de manœuvre. Ce que proposent les Verts repose sur un investissement très lourd dont on ne voit pas où sont les recettes.
Au Mouvement démocrate, nous proposons à l’inverse d’optimiser l’existant pour accroître la fréquentation des trains avec l’infrastructure présente. Une politique tarifaire ambitieuse, des partenariats avec les communes, la recherche de solutions concrètes aux retards et annulations de trains, ainsi que la complémentarité avec le co-voiturage sont autant de solutions qu’il faudra développer.
2) Créer une agence de co-voiturage. Expérimentons avant de créer une nouvelle institution car une bureaucratie verte demeure une bureaucratie. Impliquons les territoires, confions le pilotage à des élus de la région, mobilisons les initiatives privées afin de faire émerger les outils nécessaires pour que cela fonctionne. Interrogez-vous d’ailleurs sur la motivation des Verts quand ils écrivent dans le même projet « aucune subvention ne sera donnée aux routes ». Il le faudra pourtant, pour développer des bornes, des parkings, bref l’infrastructure nécessaire au co-voiturage.
3) 100% des lycées éco-responsables. Bien sûr et l’exemplarité des pouvoirs publics sur ce sujet (qualité des bâtiments, tri des déchets, etc.) est un objectif que nous partageons. Mais si ces bâtiments ne sont utilisés que la moitié de l’année, n’est-ce pas toujours un gâchis phénoménal de l’investissement public ?
Nous souhaitons que les lycées soient les portes d’entrée de la région sur l’ensemble du territoire. Ces bâtiments peuvent et doivent accueillir de la formation professionnelle, des réunions syndicales et associatives hors des temps scolaires. Voila un autre exemple de notre volonté d’optimiser l’existant et nous sommes heureux de voir que les Verts partagent cet objectif. Toutefois ils veulent aussi accroître le personnel technique (ATOS), reprendre en gestion les cantines, instaurer des budgets participatifs dans les lycées, autant de propositions qui nous paraissent contradictoires.
4) L’eco-conditionnalité des aides : si le principe est attrayant, il semble que nos amis les Verts n’aient pu se mettre d’accord sur les critères tant ceux-ci sont nombreux et divers (10 sans compter les sous-critères). Cela ne reflète-t-il pas tout simplement une méfiance stérile des Verts à l’égard des acteurs économiques ?
Nous voulons inciter et non sanctionner ou stigmatiser pour obtenir les mutations dont nous avons besoin. Il nous faut concilier développement économique pour créer des emplois et émergence d’outils, de produits et de comportements compatibles avec des ressources limitées. Nous croyons, comme les Verts, à une forte création d’emplois par le développement des métiers liés à la protection de l’environnement. Mais il y aura d’autres métiers et nous ne sommes pas tous destinés à devenir agriculteur, artisan ou commerçant de proximité. À ce titre nous voulons renforcer l’industrie en Rhône-Alpes, par une action forte sur l’innovation et engager avec les entreprises les évolutions nécessaires pour faire de la région un leader européen dans les quinze ans à venir (chimie verte, nouvelles énergies, économie d’énergie, véhicules électriques, etc.).
La société est malade nous dit Philippe Meirieu, c’est donc qu’il faut la soigner. Et l’idéologie serait un remède.
Nous partageons une orientation selon laquelle il faut nous adapter à la réalité de notre planète et au caractère fini des ressources existantes. Toutefois nous proposons une autre voie que celle de la privation et de la sanction pour atteindre les objectifs. Créer des taxes vertes, des bureaucraties vertes, des éco-entreprises, des éco-politiques ne suffira pas et s’apparente un peu trop au « green-washing » si justement combattu par ailleurs.
Nous ne voulons pas prendre notre revanche sur le modèle économique et social en place, nous voulons le changer. Nous voulons inciter, expérimenter, innover considérant que cette conviction relative aux fins doit accepter le doute quant aux moyens, ce que ne tolère pas l’idéologie.
Le débat avec les Verts est ouvert et il est sain pour la démocratie que nous ne partagions pas un certain nombre de points de vue.
Eric Lafond
Vice-président du Mouvement démocrate du Rhône
Délégué Régional de CAP21
*définition wikipedia : « green-washing » : « Le blanchiment écologique est un procédé de marketing utilisé par une organisation dans le but de donner à l'opinion publique une image écologique responsable »
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